La Réserve Naturelle du Banc d’Arguin

La Réserve Naturelle Nationale du Banc d’Arguin englobe l’ensemble des îlots sableux qui se forment à l’entrée du Bassin d’Arcachon, entre la pointe du Cap Ferret et le continent, ainsi que la partie maritime comprise autour de ces îlots.

Présentation du banc d'Arguin

Surmontée par l’imposante dune du Pilat, la Réserve naturelle bénéficie d’un cadre paysager exceptionnel.

Elle est traversée par deux grands chenaux appelés « passes ».

Ces passes permettent au Bassin d’Arcachon, seule grande échancrure de près de 155 km² sur les 270 km de la côte Aquitaine, de se remplir et de se vider au gré des marées.

Créée en 1972 dans la commune de La-Teste-de-Buch, en Gironde, la Réserve naturelle couvre aujourd'hui près de 4360 hectares.

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Banc d'Arguin, Saga d'une Réserve Naturelle
Hervé ROQUES, Éditions Sud-Ouest
168 pages - Format 17 x 24 cm - 18 €

La Réserve Naturelle Nationale du Banc d’Arguin englobe l’ensemble des îlots sableux qui se forment à l’entrée du Bassin d’Arcachon, entre la pointe du Cap Ferret et le continent

Historique

Il n’existe aucune certitude quant à l’origine du nom « Arguin », employé pour la première fois dans le Bassin d’Arcachon en 1835.

Des origines Mauritanienne ?

Il existe cependant un autre Banc d’Arguin sur le continent africain, en Mauritanie, baptisé ainsi au XVème siècle sous la domination portugaise.

« Arguin » serait issu d’un mot berbère désignant une plante locale.

Le Banc d’Arguin mauritanien est tristement connu pour avoir été le théâtre du naufrage de la frégate française La Méduse survenu en juillet 1816.

Ce naufrage fit plus de 140 victimes, dont certaines furent immortalisées dans le célèbre tableau du peintre Géricault "Le radeau de La Méduse".

Une vingtaine d’années après ce fait tragique, l’ingénieur hydrographe Paul Monnier inscrivit pour la première fois « Arguin » sur une carte marine du Bassin d’Arcachon.

Peut-être avait-il été frappé par la dangerosité des « passes », également connues pour des naufrages, ou par des similitudes paysagères avec le littoral mauritanien, ou simplement voulait-il honorer la mémoire des défunts naufragés de La Méduse ? Nul ne le sait. 

Les oiseaux et les Hommes ont continué d’écrire l’histoire du Banc d’Arguin français, tant convoité par des plaisanciers en quête d’exotisme.

Les oiseaux et le banc d'Arguin

En 1966, une colonie d’un millier de couples de Sternes caugeks essaya pour la première fois de nicher sur le Banc d’Arguin, mais ces dernières furent victimes de la malveillance de certains plaisanciers qui utilisèrent les œufs comme projectiles à s’envoyer à la figure.

Des universitaires et des amoureux de nature, affligés par ce spectacle, se mobilisèrent alors pour tenter de protéger ces oiseaux.

Ainsi naquit en 1969 la SEPANSO dont la première mission fut de faire acquérir au Banc d’Arguin un statut de protection fort.

Cet objectif fut atteint le 4 août 1972, date du classement du Banc d’Arguin en Réserve Naturelle Nationale.

Sa gestion pour le compte de l’Etat fut confiée par convention à la SEPANSO et l’embauche du premier garde animateur salarié, en 1974, assura une nidification en continu des sternes.

Formation géologique

Formation géologique du banc d'Arguin

L’existence d’îlots sableux à l’embouchure du Bassin d’Arcachon est étroitement liée à sa genèse.

La génèse du bassin

Le Bassin d'Arcachon est une formation géologique récente qui a débuté il y a environ 4 000 ans lors d’une période de réchauffement du climat et de montée de l’eau (transgression marine).

Le trait de côte avait alors atteint sa position actuelle.

Pour continuer à s’écouler, l’Eyre, petit fleuve côtier qui prend sa source au cœur du plateau landais, encombrée alors de bancs de sable repoussés vers l’est par la transgression marine, commença à former un delta. 

Il y a environ 2 000 ans, une flèche sableuse qui, bien des années plus tard, a pris le nom de Cap Ferret se mit progressivement en place, sous l’effet de la dérive littorale, courant côtier pourvoyeur de petits grains blonds, le sable.

Ce dernier provient du plateau continental, aujourd’hui immergé, et de l’érosion des massifs montagneux proches du bassin aquitain.

L'évolution du Cap Ferret

Le Cap Ferret continua sa progression vers le sud pour venir fermer en partie l’embouchure de l’Eyre et former une lagune semi-fermée, le Bassin d’Arcachon, qui présentait déjà une configuration proche de l’actuel au XVIIIème siècle.

L’existence de bancs de sable à l’embouchure du Bassin d'Arcachon n’est pas avérée mais supposée depuis l’époque gallo-romaine.

De nos jours, il est estimé qu’un banc de sable comme Arguin, sous les actions antagonistes de la dérive littorale et des courants de marée, met entre 80 et 120 ans pour dériver vers le sud, entre la pointe du Cap Ferret et la pointe d’Arcachon (secteur de la Salie)

Le Banc d’Arguin actuel arrive quant à lui à la fin de son cycle et sera un jour remplacé par un nouveau banc.

Tel est le devenir de ces îlots sableux qui se déplacent et changent continuellement de forme au niveau de l’embouchure du Bassin d'Arcachon.

Réglementation

La Réserve Naturelle Nationale du Banc d'Arguin est un site reconnu d'importance internationale pour la préservation de notre patrimoine naturel. C'est un milieu sensible et fragile.

Cette Réserve naturelle abrite des espèces animales et végétales protégées en France et dans le monde, dont certaines sont fortement menacées. 

Préservons cet espace naturel

Pour participer à la préservation de cet espace naturel, respectez la réglementation.

L'accès est strictement interdit à l'intérieur des zones signalées par un balisage spécifique : des piquets, du cordage, des pancartes ou des bouées.

Informations pratiques

  • Les chiens ne doivent pas être débarqués car la Réserve naturelle est un lieu de nidification et d'hivernage pour de nombreux oiseaux.
  • Les oiseaux nichent au sol et sont donc très vulnérables. Un oiseau paniqué va laisser sans surveillance son nid. Le poussin peut alors être la proie de prédateurs, se déshydrater au soleil ou recevoir des coups de bec des autres oiseaux.
  • Ne vous dirigez pas vers un groupe d'oiseaux au sol.
  • Veillez à changer de direction lorsqu'un oiseau pousse des cris rapprochés, ce sont souvent des cris d'alerte qui indiquent que le nid ou les poussins ne sont pas loin.

IL EST INTERDIT toute l'année

  • le débarquement des chiens
  • la chasse
  • le dérangement des animaux
  • la destruction, la cueillette des végétaux
  • le camping, le bivouac, le dépôt d'ordures
  • le nettoyage et le carénage des bateaux
  • le survol à moins de 300 m :  (drones, cerfs-volants, ailes aéromotrices...)
  • les manifestations et réunions organisées sur les terres émergées- l'installation de mobilier ou d'équipements
  • le stationnement des navires du coucher au lever du soleil
  • les activités commerciales et publicitaires
  • La vitesse et le stationnement diurne des navires sont réglementés.
  • La pêche et la chasse sous-marine sont réglementées.

Le milieu naturel

Les milieux dunaires sont des habitats naturels fragiles. Les différents types de milieux dunaires de la Réserve naturelle sont tous protégés.

La grande variabilité topographique des bancs de sable influe sur la localisation, voir même sur la pérennité de ces habitats.

Légende

  • Bancs de sable à faible couverture permanente d'eau marine
    Bancs de sable nus ou recouverts de Zostères marines dans les secteurs abrités de la houle.
  • Replats sableux exondés à marée basse
    Bancs sableux à sablo-vaseux, nus ou recouverts ici et là de Zostères naines dans les secteurs abrités de la houle.
  • Haut de plage 
    Secteur atteint par l’eau uniquement lors des grandes marées et des tempêtes. Lieu de l’accumulation des laisses de mer qui apportent la matière organique nécessaire à la mise en place d’une végétation annuelle pionnière comprenant le Cakilier maritime (au premier plan sur la photo).
  • Dune mobile embryonnaire
    Dune majoritairement présente sur la Réserve naturelle. Elle est dominée par le Chiendent des sables. Elle forme des « banquettes » végétalisées peu élevées et correspond au premier stade de l’édification de la dune.
  • Dune blanche ou vive
    Stade d’évolution postérieur à la dune embryonnaire, elle est caractérisée par des mouvements sédimentaires importants. Sur la Réserve naturelle, elle est spontanément colonisée par l’oyat (au second plan à droite et en arrière-plan sur la photo) mais, ici, la frontière entre la dune embryonnaire et la dune blanche est peu marquée du fait du caractère insulaire d’Arguin.
  • Dune grise ou fixée
    C’est la plus ancienne dune de la Réserve naturelle. Elle présente la plus grande biodiversité floristique du site. Son appellation lui est donnée par la partie végétative des Immortelles des sables (en fleurs sur la photo) de couleur gris cendré et par la présence de mousses et de lichens.

La flore

Comme partout sur le littoral, les plantes sont soumises à des conditions écologiques particulières auxquelles elles sont adaptées : salinité, manque d’eau douce, vents forts, sol meuble…

La Linaire à feuille de thym, endémique française de la côte sud-ouest, est présente sur la Réserve naturelle certaines années.

Du fait de la grande mobilité des bancs de sable, les espèces pionnières des dunes littorales comme le Cakilier maritime et le Chiendent des sables sont majoritairement présentes. 

Les zostères ne sont pas des algues mais des plantes à fleurs qui sont revenues à la vie aquatique il y a des millions d'années.

Elles forment ici et là de véritables prairies sous-marines essentielles à la bonne santé de l'écosystème marin. Mortes, elles deviennent un élément primordial dans la composition des laisses de haute mer du Bassin d'Arcachon.

La faune

La Réserve Naturelle Nationale du Banc d'Arguin, située sur l’un des huit grands couloirs migratoires de la planète, appelé « voie Est-Atlantique » et qui relie le continent africain aux régions circumpolaires de l’Europe et de la Russie,  accueille une multitude d’oiseaux.

Plus de 200 espèces différentes ont été recensées depuis sa création en 1972

  • Traquet motteux
  • Les anatidés comprennent les oies, les canards et les cygnes
  • Limicoles - Huitrier Pie
  • La mouette fait partie de la famille des Laridés
  • Les sternidés sont essentiellement représentés par les Sternes caugeks
Passereau

Les passeraux

Les passereaux, aspirés par l'entonnoir que forme le Cap Ferret, passent, notamment lors de la migration postnuptiale, par centaines de milliers au-dessus de la Réserve naturelle.

Certains y effectuent une petite halte pour reprendre des forces.

Les anatidés comprennent les oies, les canards et les cygnes

Les anatidés

Les anatidés, qui comprennent notamment les oies, les canards et les cygnes, sont présents sur la Réserve naturelle lors des périodes d'hivernage.

Leurs principaux représentants sont les Bernaches cravants (souche sibérienne), qui passaient sur l'herbier de Zostères naines à marée basse, et les Harles huppés qui pêchent dans les conches (petites baies abritées).

Limicoles - Huitrier Pie

Les limicoles

Les limicoles sont des petits échassiers qui affectionnent particulièrement la zone de balancement des marées, aussi appelée « estran ».

La diversité et l’abondance des organismes qui y vivent (annélides, crustacés, mollusques…) attirent les limicoles.

Ces derniers, comme les bécasseaux ou les barges, sont de grands migrateurs qui se reproduisent généralement dans le nord de l’Europe et qui trouvent sur le Bassin d’Arcachon, le temps d’une halte, la nourriture nécessaire à la reconstitution de leurs réserves de graisse.

Pour certains d’entre eux, le Bassin d’Arcachon marque la fin du voyage.

Pendant quelques mois, leur vie est alors rythmée par des « va-et-vient » incessants entre les vasières nourricières qui se découvrent à marée basse et les reposoirs de marée haute tels que le Banc d’Arguin et l’Ile aux Oiseaux.

D’autres, comme l’Huîtrier pie, dont Arguin constitue l’unique site de reproduction aquitain, et le Gravelot à collier interrompu, ont choisi de nidifier sur les plages et les dunes du Banc d’Arguin.

Mais cette nidification est mise à mal par les centaines de plaisanciers qui débarquent journellement, la belle saison venue, sur les bancs de sable de la Réserve naturelle.

La mouette fait partie de la famille des Laridés

Les laridés

Les laridés regroupent les mouettes et les goélands. Ces oiseaux opportunistes, formidablement bien équipés pour la vie en milieu côtier, sont présents toute l’année sur la Réserve naturelle.

Certains goélands s’y reproduisent même.

Ce n’est pas le cas des mouettes qui désertent le Banc d’Arguin au printemps pour aller se reproduire un petit peu plus dans les terres, au bord des lacs, des étangs ou dans des marais.

Les sternidés sont essentiellement représentés par les Sternes caugeks

Les sternidés

Les sternidés sont essentiellement représentés par les Sternes caugeks qui nidifient en continu sur la Réserve naturelle depuis 1974, dans une zone de protection intégrale interdite d’accès.

Plus grande colonie d’Europe dans les années 80 et 90 (près de 4700 couples en 1991), la colonie du Banc d’Arguin s’est quelque peu essoufflée au début des années 2000, consécutivement à une diminution des stocks de petits poissons (anchois et sardines) dont raffolent les sternes.

A partir de 2010, alors que la colonie semblait se stabiliser entre 2500 et 3000 couples, les Milans noirs ont fait leur apparition.

Ces oiseaux opportunistes, qui étaient en quête de nourriture suite à la fermeture des décharges à ciel ouvert, ont découvert la colonie du Banc d’Arguin. Depuis, le harcèlement quasi permanent des Milans noirs, notamment à partir des éclosions, pourrait menacer l’avenir de la colonie.

Ponctuellement, des cas d’hybridation entre des Sternes caugeks et des sternes d’espèces différentes (Sterne voyageuse ou Sterne élégante) se produisent. Des oisillons viables sont nés de ces unions métissées.

Les Sternes caugeks passent l’hiver sur la côte ouest-africaine mais une petite centaine d’individus sont recensés chaque hiver sur le Bassin d’Arcachon.

Cas unique en Aquitaine, la Sterne naine (un couple) a quant à elle nidifié en 2012 et a élevé un jeune. Ce fut un premier succès après une tentative ratée dix ans auparavant.

Le baguage des oiseaux : outil de suivi des populations

Le baguage des oiseaux : outil de suivi des populations

Les oiseaux de la Réserve naturelle font l’objet, durant toute l’année, de trois comptages mensuels, dont un qui est plus spécifiquement dédié aux limicoles et qui est réalisé simultanément sur l’ensemble des reposoirs de marée haute du Bassin d’Arcachon par les institutions partenaires.

Les oiseaux nicheurs de la Réserve naturelle et leur progéniture font de plus l’objet de suivis écologiques plus poussés.

Les arthropodes

Les arthropodes ou « articulés » regroupent 80 % des espèces animales connues sur notre planète et notamment des grands taxons comme les insectes, les crustacés ou encore les arachnides.

Ils ont su coloniser tous les habitats naturels de la Réserve naturelle et se retrouvent souvent comme maillons centraux de nombreuses chaines alimentaires.

Les mollusques

Les mollusques sont présents dans l’ensemble des habitats marins de la Réserve naturelle.

Grâce à plusieurs millions d’années d’évolution, ils exploitent avec ingéniosité les niches écologiques qui s’offrent à eux.

Mais attention, l’introduction d’espèces exogènes envahissantes comme l’Huître du Pacifique (huître creuse cultivée) tend à rompre l’équilibre qui existe entre les espèces sauvages.

Les mammifères marins 

Des mammifères marins sont régulièrement observés aux abords et dans la Réserve naturelle.

Il s’agit essentiellement de petits cétacés qui par le passé fréquentaient l’intérieur du Bassin d’Arcachon et de jeunes phoques erratiques en provenance de la Manche ou de la Mer du Nord.

Les échouages de ces animaux qui sont souvent dus à des captures accidentelles par les bateaux de pêche font l’objet depuis plus de 40 ans d’un suivi coordonné par l’Observatoire PELAGIS.

Réserve Naturelle Nationale du Banc d'Arguin

Chemin du Petit Bordes - 33260 LA TESTE de BUCH
05 56 66 45 87 - benoit.dumeau.rnnarguin@sepanso.org

EN JUILLET-AOUT

Présence de guides nature bénévoles
RDV à la cabane d’exposition pour observer les oiseaux avec une longue-vue

Visites guidées sur RÉSERVATION

La Réserve Naturelle Nationale du banc d'Arguin est gérée par l'association SEPANSO, par délégation de l'Etat et avec le soutien financier de ses partenaires

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