Les impacts de la tempête KLAUS de 2009

L’état de la forêt après la tempête de 2009

Le 24 janvier 2009, soit à peine 9 ans et un mois après les précédentes « tempêtes du siècle » qu’avait subi la France dans les nuits du 25 au 26 décembre 1999 (Lothar) puis du 27 au 28 décembre 1999 (Martin), un nouvel ouragan répondant au nom de Klaus, est venu au matin du 24 janvier 2009, ravager le cœur du massif forestier des Landes de Gascogne, poursuivant ses dévastations en Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon.

S’il y a 9 ans, seule la partie nord du massif des Landes de Gascogne, notamment le Médoc, avait été durement touchée, cette fois, les plus forts dommages ont été subis dans le département des Landes.

D’après les estimations ce seraient entre 30 et 40 millions de m3 de bois qui auraient été abattus par le vent, soit l’équivalent de 5 années de production. Ceci au moment même ou la crise économique réduisait la demande en bois, contraignant certaines industries au chômage partiel.

Compte tenu de l’intérêt majeur présenté par la forêt, à la fois en matière de captage du CO2 et en tant que réservoir de biodiversité, la crainte éprouvée aujourd’hui par les associations est de voir cette forêt (toute imparfaite qu’elle soit quand elle est trop artificielle), être remplacée par des usages du sol qui seraient bien pires (agriculture intensive, fermes photovoltaïques, béton ou bitume)…

Positionnement de la SEPANSO

Il ne s’agit pas pour nous de vouloir imposer une vision intégriste de l’écologie à des forestiers traumatisés et encore sous le choc, mais d’informer le plus grand nombre d’entre eux sur la plus grande fragilité de la forêt cultivée intensivement face aux adversités abiotiques (vent, chaleur, sécheresse) et biotiques.

En effet, on doit souligner :

  • – que les arbres plantés présentent un moins bon enracinement que ceux issus de semis,
  • – qu’une pousse accélérée diminue la résistance mécanique du bois,
  • – que certains travaux d’entretien à la charrue à disques ou au rouleau landais coupent les racines de surface qui assurent le haubanage des arbres,
  • – que les grandes coupes rases servent d’accélérateur au vent,
  • – que les peuplements mono spécifiques sans feuillus présentent une fragilité sanitaire accrue…
  • – etc.
Effets d’une coupe rase sur des jeunes pins en lisière de parcelle
Jeunes plants mal enracinés inclinés par le vent

Tout cela pour un accroissement des rendements en volume qui est loin de compenser la baisse constante des prix du bois de pin à la production depuis 35 ans.
Sans croire aux remèdes miracles, car il y a d’autres facteurs que la qualité des peuplements qui entrent en jeu, nous souhaitons simplement que sur les terrains favorables au pin maritime, les propriétaires forestier soient encouragés, y compris par la fiscalité, à pratiquer une sylviculture mieux adaptée aux aléas climatiques et débouchant in fine sur des produits de meilleure qualité, tout en préservant mieux la biodiversité.
Ce serait là tout simplement du « développement durable » mis en application pour la reconstitution de la forêt.

Ce n’est hélas pas le chemin pris avec la recherche de révolutions plus courtes, préconisées par certains dans l’espoir de passer entre les tempêtes à venir.

Une analyse plus détaillée de ce point de vue de la SEPANSO « Tempête 2009 : la rupture » a été publiée dans le numéro 104 de la revue Préventique Sécurité.

Dans un contexte de prise en compte du caractère multifonctionnel de la forêt, et pour encourager les forestiers à ne pas changer la destination des sols, il faudrait sans doute que la collectivité rémunère d’une façon ou d’une autre les services non marchands (captage de CO2, biodiversité, lieu de promenade et de détente) offerts jusqu’ici gratuitement par la forêt à la société.

Cette valeur économique non marchande vient d’être estimée dans un récent rapport sur la valeur économique de la biodiversité, à environ dix fois la seule valeur du bois produit (cf. interview de Bernard Chevassus-au-Louis, paru dans le journal les Echos du 05 mai 2009). Ceci démontre par la même occasion que le coût environnemental des destructions de forêt par les projets d’équipements, d’infrastructures ou d’urbanisme a toujours été largement sous-estimé.

Cette nouvelle estimation prenant en compte d’autres choses que le seul bois reste toutefois très largement en deçà du coût de la reconstitution d’un milieu forestier à partir de milieux détériorés par l’homme. En effet, refaire 1 hectare de forêt à partir d’une surface équivalente d’espace bâti, courterait  infiniment plus cher que les estimations les plus optimistes basées sur le prix de la biodiversité et des aménités offertes.
Compte tenu de ce que les milieux naturels, parmi lesquels figurent les milieux forestiers, constituent une ressource limitée qui disparaît à un rythme accéléré, c’est ce coût de reconstitution, qui devrait être considéré comme vrai prix de la forêt quand il s’agit de la détruire au profit du béton.

PhB – 14 mai 2009

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